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Pierre-André Itin, homme-orchestre de «Molenbeek 2014 - Métropole Culture»

Pierre-André Itin - ©Pierre-André Itin

2013-06-18 – En 2014, Molenbeek-Saint-Jean sera « Métropole Culture ». Ce titre, ainsi que les soutiens budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Commission Communautaire Française de la Région bruxelloise qui l’accompagnent, permettent la mise en exergue de la vitalité culturelle d’une ville ou d’une commune de Wallonie ou de Bruxelles tous les deux ans.

Pierre-André Itin, le coordinateur de l’opération molenbeekoise, est à pied d’œuvre depuis début 2013. Son premier objectif a été de rencontrer les gens de Molenbeek, tous les gens de tous les genres, et il a pris le parti de positionner le dossier à la croisée des chemins événementiel, culturel et citoyen. Il ne peut pas encore en dévoiler le programme, qui restera jusqu’à l’automne un «work in progress». Lui est l’homme-orchestre. Une étiquette qui lui plait: depuis sa jeunesse, il se pose comme un mondialiste, fils d’un alphabétiste, qui déteste les frontières, très zinneke au fond. En toutes choses il privilégie une vision transversale. «Hélicoptère» dit-il: à 360 degrés.

Un homme d’intersections

Son univers, sa carrière? Atypiques, car ce touche-à-tout ne se revendique d’aucune discipline en particulier. À 18 ans il rêvait au théâtre, mais d’être recalé à l’entrée de l’Insas (Institut national supérieur des arts du spectacle) lui fait prendre conscience qu’il aime peut-être encore mieux s’occuper de l’emballage du spectacle plutôt que de son contenu. Le voilà parti au Club Med, comme G.O évidemment, «et ce ne sont pas des vacances. Côté coulisses on est là dans un univers très cadré. J’ai développé le sens du public consommateur, et de la communication avec une équipe». Car il devient rapidement coordinateur d’animation.

Quatre ans plus tard, l’époque voit le lancement en Belgique des promo-boys, les «hôtesses-garçons». Il s’y fait engager, travaille sur différents événements, observe, devient… coordinateur. Il accepte des missions dans l’événementiel public et privé… Et ce faisant, prend part au lancement de la Ligue d’Impro. Il y reste 10 ans. À côté de quoi il coordonne depuis 20 ans les Caïus, ces prix du mécénat d’entreprises, qui lui font faire le pont entre le secteur public, le secteur privé et les auteurs de projets culturels. Tout son cursus s’est ainsi déroulé à la croisée des chemins, entre le culturel, l’événementiel privé, corporate et public.

Aujourd’hui, il est en charge de deux dossiers extrêmement différents. Consultant pour VisitBrussels, il coordonne le projet «Tram Experience» qui avait été initié dans le cadre de «Brusselicious 2012, année gourmande» et qui joue les prolongations: «Les gens se battent pour aller faire un dîner à 75 euros dans un tram qui se déplace dans la ville», s’exclame-t-il.

Catalyseur d’énergies

Et en parallèle, Pierre-André Itin pilote ce Molenbeek 2014, un événement «one shot» qu’il faut exploiter à fond. Après Liège en 2010, après La Louvière en 2012, la Région de Bruxelles-Capitale était pressentie pour accueillir la «Métropole Culture». Une demi-douzaine de communes (certaines en groupes) avaient répondu à l’appel à projets de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et Molenbeek l’a emporté devant le jury, avec un dossier programmé – avant son arrivée à lui – par le Service des travaux subsidiés, les Contrats de quartier, la Maison des cultures, le Service culture et le Musée.«On ne crée pas un «machin» pour l’occasion, explique Pierre-André Itin:on met en valeur ce qui existe, tout ce que la commune a de riche, d’ouvert, de multiple, de fédérateur. Comme il y a 300 associations à rencontrer, c’est un travail de fourmi pour canaliser et organiser beaucoup d’énergies».

Il procède par blocs, par pôles, par langues. Les accords de partenariats sont en cours de bouclage, le programme sera dévoilé en octobre. Mais il évoque déjà le fil rouge de la vaste toile d’araignée qu’il veut tisser entre les gens, les genres, les populations, les âges…: chaque projet doit avoir un sens citoyen, une réflexion pérenne, et allier le milieu associatif. Son mot-clé, c’est « convergences : entre tous ces gens qui travaillent dans leur coin; entre les objectifs de Molenbeek 2014 et toutes ces associations; et entre les échevins».

Valoriser un patrimoine et une dynamique culturelles

Puisqu’il se définit comme un électron libre, y compris au niveau politique, il sait qu’il a les mains libres. Et considère que les limites du financement forcent la créativité! «Ma philosophie, confie-t-il,ce n’est pas de faire du protectionnisme, mais il faut que l’argent reste ici: pas question d’aller ailleurs chercher de grosses vedettes». Il active donc la visibilité de ce qui existe, il active le maximum d’énergie.

Il aura donc un an pour mettre en avant un patrimoine culturel et une dynamique. Profiter de ce qu’on fêtera les 25 ans du Vaartkapoen, un centre culturel flamand, mais aussi les 50 ans de l’immigration marocaine, les 25 ans de la Région, le canal en pleine évolution… Enfin, quand on dit un an… Le premier événement est déjà prévu pour le 18 janvier 2014. Et les activités s’enchaineront à un rythme soutenu.

Si le dossier représente un fameux défi, Pierre-André Itin compte bien être heureux à la fin du travail accompli.

Véronique KIRSZBAUM