Carte Satellite Texte

Pour le bar et les tapas, passez par la case prison...

 - ©ADT-ATO(Véronique KIRSZBAUM)

2014-05-12 – Envie de sensations, envie de voyages, envie de jouer les héros de cinéma, envie d’une mise en bouche culturelle qui sente le vécu…? Alors il faut pousser la porte du tout nouvel Alcatraz Bar, au bord du canal.

Alcatraz, l’autre, le vrai, c’est un îlot qui pointe dans la baie de San Francisco, USA. Un million de visiteurs s’y rendent chaque année, spécialistes des oiseaux de mer ou amateurs de vieux phares (l’un des plus anciens de la côte ouest encore en activité). Mais les plus nombreux viennent à la source d’un épisode de l’histoire américaine et de frissons garantis. Car de 1934 à 1963, elle a été prison de haute sécurité, et on y a compté, parmi les résidents célèbres, le fameux Al Capone, mafieux notoire tombé sur des arguments fiscaux.

Inspiré par le film

Le rocher est surtout, pour notre propos, le site de tournage et un personnage à part entière du film de Don Siegel sorti en 1979, «L’évadé d’Alcatraz», avec Clint Eastwood en sombre héros parvenant à fuir avec deux frères et à disparaître définitivement dans la nature son exploit accompli. Histoire vraie des seuls à avoir quitté la geôle sans y être invités par les autorités, les seuls à s’être fait la malle, la belle.

1979, c’est aussi l’année de naissance de Lucas Trotta qui - pourquoi? comment?  - est fasciné, enivré, obsédé par cette histoire quand il voit le film pour la première fois quelques années plus tard. Aujourd’hui, ce beau gosse de 35 ans, une pointe d’accent Dansaert et son enthousiasme en bandoulière, a investi dans un ancien hangar du quai des Charbonnages et planté son bar dans le décor à l’identique de la prison.

Histoire et sensations fortes

L’entrée pourtant se fera sans flonflon sans tralala. Un tableau posé sur le trottoir propose cocktails et petite restauration, il faut contourner un mur aveugle peint en jaune et noir pour s’enfiler une galerie qui retrace, en quelques panneaux sous plexi, toute l’histoire du pénitencier californien. Expo? Musée? Au bout, on débouche dans la salle, et là… Le choc! Vous êtes dans un couloir du bagne, et pour vous mettre en forme, la première cellule est celle de la chaise électrique. À côté et en face, une huitaine d’alcôves s’alignent... grille ouverte, certes. On y a disposé des tables, des chaises et des menus qui se la jouent «San Francisco Chronicle» dans une police de caractère qui fleure bon les années ‘30.

Un quart de tour à gauche et coup d’œil sur le bar. Le fond n’est rien moins que l’armurerie des gardiens, gros calibres rangés comme à la parade – enfin, ici ce n’est qu’un vaste poster qui fait illusion. Les garçons se trimballent en salopette orange, un grand écran diffuse le film en continu et même dans la vaisselle on a cherché des rappels qui soient cohérents: la vinaigrette des salades est en seringue, les «shots» sont dans des godets de confiture et les serviettes… un rouleau de papier WC. Tout n’est pas du meilleur goût, donc, mais tout est drôle et, en tout cas, sans prise de tête.

On boit, on rit

Les cocktails comme il se doit portent des noms évocateurs: Perpette, Délit de fuite ou Garde à vue. Ou encore le nom de quelques célébrités dont les photos anthropométriques tapissent aussi les murs: Scarface, Henry Young et Don Corleone. Bon, on est ici dans un bar à cocktails, il y a des classiques, des énergétiques, des sans-alcool, des XXL, des bulles aussi, des bières et des softs. Et pour résister à l’alcoolémie le soir ou luncher rapidement le midi: milkshakes, glaces, salades et «tapraz».

Pour vous qui avez lu ceci, vous irez vérifier sur place si ça le fait ou pas. Et, surtout, emmenez-y vos copains sans les prévenir: effet de surprise assuré!

Véronique Kirszbaum

Alcatraz stuzzicheria/cocktail/glace - 36 quai des Charbonnages, 1080 Bruxelles -  www.alcatraz-bar.be