Gastronomie à base d’insectes, recyclage de meubles, leasing de vélos électriques, éclairage intelligent, etc.: les projets «environnementaux» fourmillent chez les candidats entrepreneurs. La BSE Academy les aide à éclore.
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2013-11-15 – Chips et feuilletés de sauterelles ou alors crumble au chocolat et aux sauterelles. Ces différentes friandises ont été testées avec succès et elles donnent le goût d’entreprendre. En tout cas à Brecht Vanhecke, qui s’est lancé dans ce projet un peu fou de conditionner des aliments à base d’insectes et de les commercialiser. Son projet a séduit. Dans un premier temps le jury de la BSE Academy, ensuite peut-être des investisseurs. Lauréat du concours 2013, il continue à développer son projet Bug’s food à Bruxelles.
«J’ai travaillé pendant huit ans en Flandre occidentale,se remémore Brecht Vanhecke. Un jour j’ai vu qu’il y avait une académie, à Bruxelles, pour soutenir des projets innovants en matière environnementale. Cela n’existait pas chez moi et je suis venu à Bruxelles proposer mon projet Bug’s food. Mon idée est d’utiliser des insectes dans l’alimentation. J’ai été sélectionné et je poursuis le développement de mon produit.»
Pousser les projets innovants
La BSE (Brussels Sustainable Economy) Academy vise à promouvoir les innovations en matière de protection de l’environnement. Les appels à projets, dont le troisième se clôture le 30 novembre 2013, s’adressent soit à ceux qui n’ont pas de projets particuliers mais des compétences à valoriser, soit à ceux qui ont des projets concrets, à développer seuls ou en équipe. L’Académie est financée par le FEDER (Fonds européen de développement régional) et a pour objectif la création d’activités économiques et d’emplois dans les secteurs environnementaux sur le Territoire du canal. Elle est gérée par Brussels Greentech, le pôle « technologies vertes » de l’ABE (Agence bruxelloise pour l’entreprise).
Bug’s Food a été sélectionné fin 2012, dans le cadre du précédent appel à projets. Dès janvier 2013 Brecht Vanhecke a bénéficié de divers soutiens. «Des formations, le samedi et le mercredi soir. Très utiles pour moi car au départ je ne savais pas par où commencer. Maintenant, après un soutien de six mois, je vois ce que je dois faire. En juin, j’ai dû présenter un business plan, théorique et pratique à un jury. Cela a bien marché, j’ai remporté le prix BSE. Actuellement, je bénéficie encore d’un soutien de l’ABE. Cela me permet de rencontrer du monde, de voir d’éventuels partenaires, d’affiner le projet.»
Un réseau bruxellois d’entrepreneurs verts
«Pour ce genre de projet,ajoute Julie Lenain, project manager à la BSE Academy, il faut que les gens se voient, se parlent. Nous discutons des autres idées sélectionnées. Une dizaine de projets sont choisis par appel. Pendant six mois nous leurs proposons divers ateliers communs ou spécifiques. Le but est de créer un réseau bruxellois d’entrepreneurs verts. Parmi les formations, on leur apprend par exemple à convaincre un investisseur en une minute. Pour certaines séances, ils sont suivis par un coach individuel ou alors ils bénéficient des services d’un expert particulier. Et au terme des six mois ils doivent pouvoir présenter leur business plan.»
Tester le produit auprès du public
Brecht Vanhecke veut réaliser des produits à base d’insectes qui ne seraient pas visibles. «J’ai travaillé avec un chef en vue de réaliser un bon produit, explique-t-il. La qualité y est, mais pour les produire à plus grande échelle c’est très coûteux. De plus, je dois tester la réaction du consommateur. L’idée est d’en produire un peu, d’aller sur les marchés pour tester les produits, pour voir si les gens sont prêts à payer pour essayer, puis à payer pour en racheter après. Actuellement, les insectes utilisés sont produits en France et aux Pays-Bas. Si notre projet fonctionne, on pourrait aussi se lancer dans la production à Bruxelles.»
Vers de farine, vers Buffalo, grillons, sauterelles… seraient broyés en poudre et mélangés à des ingrédients savoureux. Les insectes apportent beaucoup de protéines. Mais l’Europe doit encore dire si elle autorise, ou non, la consommation d’insectes dans l’alimentation humaine. Dans l’attente d’une décision européenne, l’Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) le tolère. Par contre, si l’Europe devait l’interdire ultérieurement, tout le monde devrait s’y soumettre. Cette incertitude bride les investissements dans ce domaine.
Une solution écologique
Mais pourquoi vouloir manger des insectes? «Deux milliards d’individus dans le monde en mangent déjà, précise Brecht Vanhecke. C’est une alimentation traditionnelle. Le problème est que ces personnes essaient d’imiter les occidentaux et veulent manger plus de viande. Mais produire de la viande est plus polluant. Montrer que les occidentaux mangent aussi des insectes serait un bon signal donné au monde afin d’éviter que les gens ne délaissent cette nourriture protéinée. De plus, les insectes pourraient aussi servir de nourriture au bétail, à la place du soja brésilien, par exemple.»
Au total, 16 projets ont jusqu’ici été soutenus par la BSE Academy. Quatre entreprises ont été créées, d’autres sont encore en préparation. Les projets sont très variés. Ils vont du recyclage des meubles en bois au leasing de vélos électriques en passant par la culture de légumes bio à Bruxelles, la production de pellets en marc de café, l’installation de ruches, la dépollution, la production de matériaux en fibres naturelles, l’éclairage intelligent…
Tout porteur de projet peut s’inscrire au nouvel appel, hormis les étudiants qui ne sont pas dans leur dernière année d’étude. Les projets doivent avoir une composante innovante et ne pas être uniquement à caractère commercial. Le potentiel de création d’emploi et la valeur ajoutée pour Bruxelles sont deux critères qui pèseront dans la sélection des projets.
En tout cas, Brecht Vanhecke est ravi. «Je vis une année fantastique», lâche-t-il, avant de reprendre la discussion avec un partenaire éventuel.
Jean-Pierre Borloo
Plus d’infos: www.bseacademy.be
