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Village Finance a mis sur orbite un microcosme de petites entreprises

Village Finance a mis sur orbite un microcosme de petites entreprises

Ses bourses, octroyées avec l’aide du FEDER, ont permis la création de dizaines de très petites entreprises dans le Territoire du canal. Avec 185 emplois à la clé.

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2014-09-19 – On appelle cela le nerf de la guerre. L’argent, c’est souvent ce qui manque quand on veut concrétiser un projet. L’élément central qui fait que l’on peut, ou non, passer du rêve à la réalité. L’ASBL Village Finance l’a bien compris. C’est pourquoi elle a développé des appels à projets permettant à de nouveaux entrepreneurs situés dans le Territoire du canal (la ZIP, en termes administratifs: voir ici)  d’obtenir une bourse de 6.200  à 18.600 euros. Ce qui constitue souvent le coup de pouce nécessaire et bienvenu qui permet de créer une petite entreprise ou d’engager les premiers investissements.

Pierre Gillet, chargé de projet, rappelle qu’«au début ça a démarré avec la bourse ‘coup de pouce’ d’une valeur de 6.200 euros. Cela s’adressait aux porteurs de projets non financés par les banques traditionnelles. L’idée était d’aider les chômeurs de longue durée, les allocataires du CPAS ou les travailleurs pauvres avec une formule flexible».

Le fonctionnement de cette initiative, soutenue par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), est simple: les personnes qui ont une idée d’activité la présentent; elles peuvent se faire aider pour construire le projet; leur demande de bourse est analysée par un jury; et en cas de sélection la somme de 6.200 euros leur est attribuée et versée sur base de factures.

Soutenir le développement durable

«Dans un deuxième temps,poursuit Pierre Gillet, nous avons aussi lancé un soutien à des projets d’entreprenariat durable. Le principe est proche. Il faut déposer un projet à forte valeur ajoutée en matière de développement durable et, après sélection par un jury, des bourses de 6.200 euros sont également accordées. Village Finance tente, avec ces aides, de créer un effet de levier. Un levier financier qui permet aux entrepreneurs d’augmenter leur capacité d’emprunt (la bourse vient en complément d’un crédit contracté).»

L’implantation de Village Finance au sein de Village Partenaire traduit bien cet ancrage dans la réalité de terrain. Dans une petite rue du bas de Saint-Gilles, en intérieur d’îlot, autour d’une cour aménagée avec goût qui offre pas mal de convivialité et s’ouvre sur un ensemble de bureaux. «D’anciens lauréats de nos bourses reviennent ici, explique Pierre Gillet: pour garder le contact, pour bénéficier d’autres appuis, pour rester dans cet esprit constructif ou pour bénéficier d’un hébergement au centre. L’idée de Village Finance est aussi de faire appel à d’autres partenaires qui s’inscrivent dans une logique semblable à la nôtre.»

Concrètement, la bourse «coup de pouce» entre dans une logique d’autocréation d’emploi. Souvent via la constitution de micro-entreprises. Dans des secteurs de l’Horeca, pour des métiers manuels, des électriciens… L’aide au développement durable est probablement davantage utile pour des personnes qui ont moins de difficultés au départ mais qui manquent de moyens pour lancer leur activité.

Un bilan positif

Pierre Gillet tire un premier bilan positif de l’octroi de ces aides: «depuis juillet 2013, une vingtaine de coup de pouce et une dizaine de bourses ‘développement durable’ ont été accordées. À l’avenir, pour 2014-2020, nous espérons pouvoir toucher d’autres aides FEDER afin de continuer à investir dans des filières porteuses: alimentation, écoconstruction, déchets…»

La plupart des porteurs de projets «coup de pouce» ont entre 30 et 45 ans, ils vivent souvent une reconversion ou sont en réinsertion professionnelle. À 35 ans ou plus, ils n’ont pas accès à une autre aide. Un tiers environ sont des femmes. Plus de 60% des demandeurs d’emploi et quelque 30% des allocataires du CPAS. Plusieurs petites entreprises ont vu le jour, dans des domaines variés: décoration, production de musique, communication, alimentation…

L’aide au projet «développement durable» concerne majoritairement l’Horeca notamment, via les filières de produits bios. Ou alors le «raw food», cette nouvelle manière de cuisiner à base de produits peu cuits, mieux cuits. Un projet cherchait aussi des financements dans le secteur touristique. L’idée était d’organiser des tours à vélo. Mais comme Bruxelles compte de nombreuses côtes, cela n’était pas aisé. Sauf avec un vélo électrique. C’est la formule qui est désormais proposée.

Une logique positive

S’il est question, par ce biais, de remettre des personnes au travail, il s’agit surtout de les réinscrire dans une logique positive, entreprenariale. «Depuis le début de ces aides FEDER (en 2008), 185 nouveaux emplois ont été créés pour 97 bourses) accordées. Des emplois locaux, dans le Territoire du canal.»

Parmi les bénéficiaires, le projet Green Hopping retient l’attention. Trois personnes d’origines diverses ont lancé une SPRL et créé un site internet de référencement du tourisme durable. Ils se sont installés à Saint-Gilles, rue Fernand Bernier, au Village Partenaire. Ils ont ainsi contribué au développement d’un microcosme de très petites entreprises autour de Village Finance. Un microcosme où l’entraide est le maître-mot.

Autour de la place du Jeu de balle, à Bruxelles-Ville, plusieurs micro-entreprises ont également bénéficié d’un soutien. «L’activité amène l’activité », commente Pierre Gillet. Pour les porteurs de petits projets, l’accompagnement spécialisé et le suivi par des experts sont des apports essentiels. «Le but est de travailler avec d’autres structures d’aide et de stimulation à la création d’activités, conclut-il. Cela permet de pousser au mieux les projets, de les stimuler dès le démarrage, là où ils en ont le plus besoin.»

Du concret, donc, efficace car adapté à la réalité du Territoire du canal  et de sa population.

Jean-Pierre Borloo

Plus d’infos: www.villagefinance.be