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Jonathan Ectors amène la plage au centre-ville

 - ©ADT-ATO/V.K.

2013-03-04 - Bien sûr, ce n’est pas Marseille, mais on y pointe et on y tire à la pétanque. Ce n’est pas non plus Santa Barbara, et pourtant on y joue au beach-volley, beach-soccer, beach-golf… Toujours pas Ibiza, alors que les nightclubbers y dansent, dansent, dansent jusque tard dans la nuit. En juillet, c’est à Bruxelles les Bains que tout se passe. Au bord du canal, au quai des Péniches, à deux pas de Sainctelette, devant LE garage Citroën! Pour nous guider dans les entrelacs du programme et de l’histoire de cette plage qui revient en ville chaque été depuis 10 ans, rencontre avec Jonathan Ectors.

Au sein du Brussels Major Events (BME, département événementiel de la Ville de Bruxelles), ce jeune homme de 33 ans est chargé de la programmation pour l’animation-phare de l’été dans la capitale: Bruxelles les Bains. Ce qui, dans les faits, lui permet de se mêler aussi de la production et du développement de nouveaux projets.

Baptême du feu

Jonathan Ectors sait bien que pour lui, tout a déjà commencé lors de ses études de communication à Louvain-la-Neuve (LLN). Il y était l’un des promoteurs du Kot-é-rythmes, un kot à projet qui organisait la Fête de la musique, devenue le Spring Festival de LLN. Un baptême du feu dans ce qui restera ses deux centres d’intérêt: la communication et la culture.

Après un passage en radio et presse écrite, il a intégré l’Atelier 210 où il participe à la création de Future Shorts (la projection de courts métrages dans des salles de ciné), puis rejoint Tour des Sites, qui organise de grands événements «lumières & musiques» dans de hauts lieux du patrimoine: la Nuit des chœurs, ou Solistes au domaine… Jusqu’à ce que le BME, il y a trois ans, fasse appel à lui.

Jonathan Ectors n’était pas là aux origines de Bruxelles les Bains, mais il connaît l’objectif que l’on n’a jamais perdu de vue: amener la plage en centre-ville, offrir une destination de vacances à ceux qui ne partent pas - ou pas à ce moment-là. Pour le reste, le contenu n’a cessé d’évoluer, et l’on est loin de ce qui a pu apparaître, jadis, comme une terrasse géante.

Tous les efforts actuellement se concentrent sur deux axes : parallèle à la voie d’eau, l’offre d’un vaste contenu culturel ; transversal au contraire, le travail avec le quartier.

Une palette de divertissements

Vous avez dit culture ? À la plage? Mais oui! Avec, l’été dernier, un événement d’ouverture Sons et Lumières et, tout au long des cinq semaines, à côté des dizaines d’activités sportives : 40 concerts, 25 soirées dansantes, des installations d’art contemporain, des expositions, une bibliothèque de plage... Avec encore l’Axolotl, un sous-marin de 35 mètres posé sur une péniche qui proposait des visites scientifico-fantastiques et une sensibilisation aux énergies renouvelables. Ou l’Urban Farm Unit, à la fois serre et aquarium fonctionnant en circuit fermé… Et “Icons-Beach”, une extension de Foto Kanal/Icons offrant dans un même élan portrait collectif, studio éphémère, exposition de photos monumentales, dans la continuité de projets antérieurs.

 «Nous travaillons avec tous les acteurs de la Ville de Bruxelles, explique Jonathan Ectors: le Service jeunesse pour faire aux plus jeunes des dizaines de propositions d’activités; et le Service culture pour la programmation musicale». Mais il précise: «le budget est ce qu’il est, et ne permet pas de développer un véritable festival. Qu’à cela ne tienne, il y en a déjà plusieurs, et l’ambiance ici est différente. Nous sommes un événement tout public, la synthèse de toutes les populations, le carrefour de rencontre entre Molenbeek et le centre-ville pour un vrai brassage sociologique».

Pas Paris-Plage

Et voilà comment se fait le lien avec l’axe plus social de Bruxelles les Bains. Il s’agit bien de mettre en valeur l’immense diversité culturelle qui en dit plus que tous les discours. Car il y a le quartier, qui prend de sacrées couleurs pendant ces cinq semaines-là, mais demeure une zone en devenir le reste de l’année.  «On est loin de Paris-Plage: plusieurs kilomètres installés dans l’une des zones touristiques les plus attractives de la Ville-Lumière,  note Jonathan Ectors. Notre quai des Péniches ne développe que 600 mètres et n’est pas un pôle d’attraction touristique le reste de l’année». Une situation qui évoluera bientôt, notamment avec l’aménagement du parc sur le Quai Béco, sur la rive d’en face.

N’empêche: pour les 10 ans de l’initiative, Bruxelles-les-Bains (BLB) a déjà vu défiler quelque 200.000 personnes en 2012. «Naguère l’animation s’arrêtait à la fin de la journée. Maintenant, nous bénéficions de l’ampleur qu’a prise le phénomène de l’afterwork. Du coup, la transition est assurée avec les activités nocturnes, la Croisetteke, les Beach Parties, les soirées sur le Boat Club » (non plus une péniche-bar à quai, mais itinérante pendant 3 heures)».

Une industrie de l’événement

Dit comme ça, on a l’impression d’une histoire qui va de soi, bonifiant d’année en année selon une courbe exponentielle. Mais il ne manque pas de difficultés pour réussir la transformation en succès récurrent : l’équipe de base n’est constituée que de dix personnes, renforcée par du personnel temporaire en fonction des besoins, pour aussi mener à bien, à côté de BLB, les Plaisirs d’hiver en décembre, et le Brussels Summer Festival en août.

Pour ce qui concerne les jobs d’été à BLB, un tournant intéressant a été pris au moment où les organisateurs en ont profité pour mettre à l’emploi des travailleurs peu qualifiés plutôt que des students. Jonathan Ectors en est certain, l’industrie événementielle a un haut potentiel de développement. Du coup, c’est une antenne séparée, Rock the City, qui gère les engagements et la formations des employés, ainsi d’ailleurs que les fournisseurs techniques et logistiques.

Cet été, s’initier aux sports nautiques

Avec, toujours, de nouvelles idées plein la tête. Au programme de la prochaine édition : profiter d’être au bord de la voie d’eau pour faire connaître (et tester) les sports nautiques qui peuvent se pratiquer sur le canal. Des contacts en vue de partenariats sont en cours avec les acteurs de terrain.

Seule grosse inconnue, comme toujours en Belgique : la météo. Pourvu qu’il fasse beau cet été!

Véronique KIRSZBAUM