2013-02-18 - A deux pas des tours du WTC, juste derrière la gare du nord, se niche un îlot hors du commun sur le territoire de Schaerbeek. Parterres de verdures à l’entrée, un petit parc à l’arrière, la crèche «Etoile du Nord» se distingue aussi par les matériaux qui la composent. Ce n’est pas écrit sur son fronton, mais le bâtiment est une construction passive; la première crèche passive de Schaerbeek. Un projet novateur, inauguré en décembre 2011, qui affiche déjà un bilan bien positif.
Elle est vraiment située à la croisée des chemins, entre les briques jaunes qui longent la voie ferrée, les vieilles maisons de Bruxelles et les tours du Quartier Nord. Dans le quartier Gaucheret. Ses grandes fenêtres à l’arrière permettent à la lumière et aux rayons du soleil de s’engouffrer dans le bâtiment, et plus particulièrement dans les pièces dédiées aux enfants. Côté rue, on trouve plutôt les bureaux et le hall d’entrée.
La directrice, Christine Robert, est ravie. La crèche, avec son esprit novateur, entraîne une évolution positive des esprits, tant parmi le personnel que chez les parents. «Il y a 48 places dans la crèche et une dizaine d’autres à l’étage pour la halte-accueil. Les enfants sont répartis en trois sections: les bébés, les moyens et les grands. C’est un projet qui a bénéficié d’un soutien FEDER (Fonds européen de développement régional). Les enfants proviennent principalement du quartier, ou alors d’ex-parents du quartier, qui ont déménagé mais qui travaillent encore dans le coin. Tout le monde se sent très bien ici.»
Faire face à la croissance démographique
Les communes bruxelloises doivent en effet faire face à une importante croissance démographique et dans les quartiers centraux de Bruxelles, plus de 50% des habitants ont moins de 30 ans. Il leur faut, dès lors, être en mesure de proposer davantage de places d’accueil pour la petite enfance. Dans ce cadre, la Région a aussi lancé un Plan crèches régional afin de stimuler la création de places d’accueil. L’objectif est de répondre surtout aux demandes là où elles s’expriment.
L’idée est également de revaloriser des bâtiments et des quartiers, en rénovant des lieux existant, en créant des nouveaux espaces, en soutenant les constructions passives et en proposant des services mais aussi de l’emploi aux populations locales.
La crèche de Schaerbeek s’inscrit totalement dans ce projet. Trois emplois équivalent temps plein ont été créés dans chacune des trois sections. La nourriture est aussi préparée sur place. D’autres structures similaires sont en construction dans la commune. Ailleurs à Bruxelles, ce sont parfois des rénovations qui pointent. A Saint-Gilles, dans un ancien entrepôt, à Laeken dans un bâtiment industriel, à Molenbeek-saint-Jean sur un terrain laissé à l’abandon…
La chaleur de la crèche
Outre la lumière omniprésente à l’Etoile du Nord, la chaleur est aussi partout. Pas excessive. Elle provient du sol, ce qui est agréable pour les plus petits qui sont souvent par terre. Cela évite aussi de devoir mettre des radiateurs, ces nids à poussières qui peuvent aussi se transformer en obstacles dangereux pour les enfants.
Les aménagements des différentes sections diffèrent selon l’âge des bambins. Pour les tout petits, jusqu’à un an, l’espace est plus dépouillé, entre les deux sections de « grands » c’est l’apprentissage du passage à table qui s’effectue, pour manger ou pour bricoler. Pour éviter de briser le dos des puéricultrices, un astucieux escalier permet aux enfants de se rendre eux-mêmes sur les tables à langer, qu’ils quittent ensuite par un toboggan. C’est ludique et fonctionnel à la fois.
L’Etoile du nord, bâtiment reconnu comme exemplaire «énergie et écoconstruction» par Bruxelles-Environnement (IBGE), est vraiment à la pointe. Telle l’Etoile Polaire, elle indique la direction à suivre. «Les parents sont de plus en plus en demande de critères qui respectent l’environnement, souligne la directrice. Toute la nourriture est préparée ici sur place avec des produits bio. Les éclairages, dans les espaces de passage, s’éteignent seuls, tout comme les robinets d’eau aux lavabos des enfants.»
Une spirale positive
Grâce à son triple vitrage et son importante isolation, le bâtiment ne doit pas être trop chauffé. «Ce n’est pas plus mal, et même plus agréable, ajoute Christine Robert. On évite ainsi les espaces surchauffés et ceux plus froids. Il fait bon partout. Ce bien-être a aussi des effets sur le personnel, et même les parents et les enfants.»
L’investissement pour un tel bâtiment, rendu possible grâce au FEDER, est important: 2,2 millions d’euros. L’avantage du passif c’est qu’à terme les frais sont moins élevés pour la collectivité. Une grande partie des frais en personnel et de fonctionnement des crèches (60%) est pris en charge par l’ONE (Office de la naissance et de l’enfance), le reste par la commune et les parents.
La sieste se termine. Une petite blondinette, à peine éveillée, tend les bras à la directrice. Elle ne décolle plus de ses bras tout au long de la visite. La halte accueil est installée à l’étage, dans une sorte d’appartement. Comme dans d’autres crèches de Bruxelles, ces haltes permettent à des parents de déposer occasionnellement leur enfant, le temps d’une formation, d’un entretien d’embauche, d’une visite médicale… Le but est de favoriser l’insertion socio-professionnelle des populations moins favorisées.
Une maman vient déjà rechercher son enfant à la halte-accueil dont les horaires sont plus souples afin de mieux coller aux réalités du travail et de la formation. Dehors, l’hiver fait rage; une réalité entièrement oubliée à l’intérieur du bâtiment.
Jean-Pierre BORLOO